La rhubarbe, sucrée d’histoires

Les gastronomes la consomment le plus souvent en tarte, compote ou confiture, beaucoup plus rarement en salade. La rhubarbe est une vivace qu’on installe généralement au potager à l’automne. Indication importante pour ceux qui la méconnaissent : seuls ses pétioles pourpres (ou verts selon les variétés) sont comestibles.

Découverte en Chine par des voyageurs européens qui l’introduisirent progressivement sur leur continent d’origine, par l’entremise probable du marchand Vénitien Marco Polo au tournant du XIVème siècle, la culture de la rhubarbe fut très longtemps cantonnée à un usage curatif : de nos jours encore, la racine de cette herbacée très riche en fibres est appréciée pour les effets d’accélération qu’elle imprime au transit intestinal. Ce n’est que 500 ans plus tard, à la veille de 1789, qu’un marchand bayonnais, écrivain et journaliste à ses heures, Pierre Coste d’Arnobat, obtint de la Royauté française le privilège exclusif d’en tester le potentiel purement alimentaire. L’expérience, menée sur les terres d’un petit domaine qu’il louait pour son compte à Lay près de Bourg-la-Reine (aujourd’hui les Hauts-de-Seine) est un succès, si bien que la rhubarbe gagne progressivement ses galons de plante potagère, un nouveau statut qui la fait passer, au cours du siècle suivant, des sombres commodes d’apothicaires aux recettes rafraîchissantes des livres de cuisine.

plant de rhubarbe adulte
Une fois installée, la rhubarbe est vite magnifique !

On prête par trop souvent à cette polygonaceae, de genre Rheum (rhabarbarum ou x hybridum), une ascendance gustative avec certains fruits, confusion qui tient au sucre dont on saupoudre son acidité naturelle pour l’accommoder aux tartes, confitures, sirops et sorbets. Or, pour la science botanique, la rhubarbe est bien un légume apparenté à l’oseille (qu’on sert en soupe !), de même qu’à des degrés plus lointains, elle cousine avec la betterave, la blette (poirée) ou l’épinard.

Visuellement, la plante est abondante, vigoureuse, généreuse voire spectaculaire (certaines espèces sont d’ailleurs cultivées à des fins uniquement ornementales, à l’instar du Rheum Palmatum Tangucitum). Depuis son rhizome, elle se développe en imposantes feuilles grossièrement triangulaires, soutenues par des pétioles de 30 à 50 centimètres de long empreints d’une vive couleur vert-rougeâtre qui leur donne l’aspect de grands radis cylindriques. Seule cette partie de la rhubarbe est comestible : à l’extrémité des tiges, les feuilles, qui contiennent de l’acide oxalyque et une teneur en anthraquinone, sont toxiques par ingestion (la médecine chinoise recourait surtout à la poudre du rhizome, la tige souterraine). A son stade de maturité, la plante peut atteindre plus d’1 mètre (en fonction des variétés) à la fois en hauteur et en largeur.

tiges de rhubarbe

La rhubarbe au jardin

La plantation

De préférence à l’automne (septembre-octobre, en milieu chaud notamment) ou au début du printemps (mars-avril, dans les régions plus humides et rigoureuses en hiver). Choisissez-lui un sol frais, perméable et humifère. Ameublissez la terre sur un grand trou de 50 cm X 50 cm si possible, en apportant beaucoup d’humus (fumier bien décomposé ou compost mûr). Veillez à lui réserver un emplacement mi–ombragé : la rhubarbe, qui aime à se développer sous des climats doux et tempérés, apprécie peu les expositions trop sèches et ensoleillées.

Entretien

Favorisez un sol humide la première année, avec au moins un arrosage hebdomadaire si le printemps présente un déficit de précipitations par rapport à la normale. En cas d’été très chaud et sec, voire caniculaire, renforcez encore les apports en eau et ajoutez de la paille et du compost autour du pied.

Récolte

Pas de récolte la première année mais vous pourrez réaliser 2 à 3 cueillettes, de mai à septembre, et jusqu’à 5 en fonction des variétés et selon les régions et l’âge de la plante.  Lors de l’opération proprement dite, préférez la main au couteau pour casser (et non couper) les pétioles dans  un mouvement de torsion appliqué à leur base. N’hésitez pas à récolter l’ensemble des feuilles bien développées, celles en devenir et celles du coeur pousseront très rapidement, c’est assez spectaculaire !

Bientôt au catalogue ?

Chez La Bonne Graine, nous proposions une belle gamme de plants de petits fruits mais les plants de rhubarbe sont arrivés que tardivement (2018) après avoir été mis en test au Jardin d’Essai.

Nous proposons désormais les variétés suivantes : Victoria, Frambozen Rood, Goliath et Mikood.

2 commentaires Ajoutez le votre

  1. Degouve dit :

    Bonjour, merci pour cet article. J’ai plusieurs pieds de rhubarbe dans mon potager au pied du mur, à l’ombre de noisettiers. Après plusieurs essais dans mon jardin, c’est là qu’elle se plait le mieux. Je suis à la recherche de références sur les plantes qui aiment / qui n’aiment pas la compagnie de la rhubarbe. En connaitriez vous? Mon potager est petit et j’ai remarqué que certaines espèces potagères (tomates – concombres) se développent mal à proximité. Ce qui fait que je m’interroge: quelle plante pourrait être amie de la rhubarbe??? A quelle distance planter? Vous remerciant par avance, bien cordialement, Julie

    1. Bonjour Julie,
      Si les concombres et tomates ne se plaisent pas à côté de la rhubarbe, ce n’est pas nécessairement lié à la rhubarbe mais plutôt à l’exposition (dans votre cas, l’ombre des noisetiers n’aide pas). La décomposition des feuilles peut aussi déplaire à certaines variétés mais vous n’allez pas planter juste à côté de votre rhubarbe, il faut lui laisser de la place pour s’épanouir, ce qu’elle fera nécessairement si elle se plait.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *