Rose, d’où viens-tu ?

Issue du rosier, une plante d’ornement apparentée à de nombreux arbres fruitiers, la Reine des Fleurs n’a pas l’essence divine que les poètes ont bien voulu lui prêter.  Les roses d’aujourd’hui, imbibées d’un parfum si vif qui s’exhale d’une architecture de pétales complexe, résultent d’une succession de croisements opérés au fil des siècles par la main de l’Homme. Processus créatif auquel certains Français ont apposé leurs griffes.

La mythologie grecque a fait naître la rose rouge d’un improbable accident domestique : un pied divin, celui d’Aphrodite, une épine, une goutte de sang et un massif de fleurs blanches qui s’empourpre d’un seul coup, d’un seul. La réalité, fondée sur les conclusions savantes d’archéologues et sur des témoignages anciens émanant de simples mortels, certes éminents naturalistes comme l’Athénien Théophraste (mort en –288), est plus terre-à-terre et surtout moins hémoglobinique que le sanglant mythe grec : ces documents attestent que les roses blanches et roses colorées ont, de tout temps, cohabité à l’état sauvage, sans que l’une n’ait jamais précédé l’autre dans l’ordre naturel des choses.

La rose, un puits de symboles

En revanche, l’Histoire botanique révèle avec une certitude quasi-officielle que les premiers rosiers cultivés furent des espèces à fleurs blanches. Un évènement que les chercheurs font remonter à un peu plus de 3 200 ans.

Ce tournant sonnait alors comme le coup d’envoi d’un long processus qui a conduit les populations d’Asie, d’Europe et d’Afrique du Nord (en Egypte notamment) à sélectionner les roses sauvages présentes dans leurs environnements respectifs et créer, à partir d’elles, de nouveaux sujets dotés de caractéristiques particulières et améliorées par rapport à la souche d’origine : des couleurs plus intenses, des parfums plus forts, plus agréables et des fleurs aux formes plus élégantes et élaborées.

De ces hybridations successives sont nées d’innombrables variétés, vectrices de symboles forts que leur personnalité inédite a contribué à raffermir ou exacerber en fonction des époques et des civilisations.

Si les Grecs et les Romains assimilaient la fleur à Aphrodite et Vénus, leurs déesses respectives de la beauté et de l’Amour, la rose acquit bien plus tard, dans le système féodal du Moyen Âge, une signification plus politique : ici ou là, un vassal qui entrait sous la protection d’un puissant prenait l’initiative d’offrir, lors de sa prestation serment, une rose à son vénérable suzerain en guise de soumission, de redevance perpétuelle et de fidélité.

Les Égyptiens de l’Antiquité ont fait de cette plante odoriférante une allégorie de la fécondité féminine et le monde chrétien, une fleur spirituelle, reflet du paradis, symbole de martyre et d’Immaculée Conception, dogme associé à la Vierge Marie, « Rose Mystique » étant l’un des noms sous lesquels sa figure est d’ailleurs invoquée.

De l’autre côté du monde, les arts chinois traditionnels ont longtemps représenté la rose comme un élément d’équilibre qui rétablit l’harmonie entre les forces contradictoires de la Nature.

La plante fut également, et reste encore dans certaines traditions, associée au deuil : ses pétales faisaient office de baume et d’essence dans les rites funéraires qui accompagnaient les défunts jusqu’au seuil de leur dernier voyage.

À la recherche du parfum parfait

Dans ce creuset d’interprétations, chacune des couleurs arborées par la rose délivre un message universel ou presque : l’amour passion pour les roses rouges, la pureté et l’innocence pour les roses blanches, l’affection, la gratitude et l’amitié pour les roses roses, la joie et le bonheur pour les roses jaunes (synonymes également d’une certaine inconstance en Amour).

Nos roses modernes, ou horticoles, ont pour ancêtres plus ou moins lointains les fleurs produites par les rosiers dits « botaniques » espèces sauvages qui poussent librement depuis la nuit des temps. C’est à partir de ces souches historiques, originellement localisées dans l’ensemble des aires tempérées et subtropicales de l’hémisphère nord, depuis l’Europe jusqu’en Asie, en passant par le Maghreb, le Proche-Orient et même le Nouveau Monde, que les civilisations chinoises, occidentales, africaines et américaines, parfois précédées ou relayées par la Nature qui opéra des mutations spontanées (sports), ont pu façonner des variants à leurs goûts, proche de ce que leurs sensibilités érigeaient, à l’instant T, au rang de perfection.

Des croisements après les croisades

Les premiers rosiers blancs sauvages, reconnaissables à leurs fleurs simples dotées de cinq pétales, ont été croisés avec le rosier de Damas, introduit en Europe au XIIIᵉ siècle par un chevalier franque revenu d’une croisade en Perse (1254). Cette hybridation permit d’obtenir des corolles plus épaisses et décoratives, formées de plusieurs rangées de pétales, dont la Cuisse de Nymphes, créée un peu plus tard (XVIIᵉ siècle), est un des exemples les plus emblématiques et saisissants : ce cultivar de rose ancienne se reconnaît à sa couleur pâle, ses rosettes doubles et son parfum intensément sucré.

La très célèbre rose de Provins, appréciée pour ses belles fleurs carmin semi-doubles ornées d’un cœur d’étamines qui darde ses nuances dorées, est issu d’un rosier dont les ancêtres n’ont jamais été clairement identifiés : il s’agit du Rosa Gallica, sans doute l’un des plus anciens rosiers, avec le blanc, à avoir été cultivé.

Certains récits attribuent au comte de Champagne Thibault IV (vers 1240) ou, plus tard, au Roi René, duc d’Anjou au XVᵉ siècle, le mérite d’avoir importé, depuis l’Orient, cette espèce dans leur beau « Pays de France ». Des versions toutefois contredites p

ar d’autres horticulteurs, également très versés dans l’Histoire, qui font de la rose gallique « officinalis » le nom botanique de la fleur de Provins, une plante indigène très résistante qui poussait à l’état naturel sur les terrains rocailleux et ensoleillés de l’ancienne Gaule.

Continuez à l’appeler « France »

Dans l’histoire de la rose et du rosier, l’année 1867 est-ce que Marignan 1515 est au Petit Lavisse. À cette date, un rosiériste lyonnais, Jean-Baptiste Guillot, créa sans vergogne « La France ». C’est le patronyme qu’il choisit pour baptiser un cultivar apte à conjuguer l’élégance formelle des fleurs de rosiers thés –  espèces originaires de Chine qui côtoyaient, dans les cales des bateaux de marchandises, les feuilles de la célèbre infusion – et la floraison abondante des rosiers remontants*, nés quelques décennies plus tôt (1814) sous la houlette d’un autre Français, expatrié aux États-Unis, Philippe Noisette.

1867 correspond à la naissance officielle de la rose moderne, fruit d’un savant mélange entre roses anciennes (multipliées à partir de rosiers sauvages ou « botaniques ») et de rosiers hybridés par l’Homme. Jusqu’à la création de « La France », les pépiniéristes s’employaient surtout à créer des rosiers opulents, ornementaux et parfumés, sans chercher à développer l’esthétisme de leurs fleurs. Ce souci de la « forme parfaite » est né avec la rose moderne, au point de devenir un stéréotype caractérisé par une jolie configuration turbinée dans laquelle les pétales de fleurs souvent solitaires s’ouvrent au centre et se courbent vers l’extérieur, créant ainsi une apparence de coupe ou de coupe inversée. Ce dessin donne à la rose un aspect complexe, fait de plusieurs couches de pétales qui se chevauchent et semblent adopter la silhouette d’un bol aux lignes harmonieuses.

Rosiers grimpants, buissons ou arbustifs

En 1971, la Fédération mondiale des sociétés de roses (World Federation of Rose Societies) a catégorisé les rosiers anciens et modernes selon leur port : dans le catalogue de La Bonne Graine, vous trouverez ainsi, parmi des espèces remontantes, ou non remontantes,

  • des rosiers buissons à grandes fleurs ou fleurs groupées (jusqu’à 120 à 150 cm de hauteur)
  • des rosiers arbustifs au feuillage dense (idéal pour constituer une haie).
  • des rosiers grimpants, à palisser en raison de leur taille (jusqu’à 6 mètres).
  • des rosiers liane, dont les branches s’entremêlent et s’enlacent dans la structure de tonnelles ou d’arceaux.
  • des rosiers paysagers ou couvre-sol, utilisés pour recouvrir de leurs branches horizontales une bordure ou un talus.
  • des rosiers comestibles, sélectionnés pour la saveur de leur pétale et produits sans produits chimiques.

*On appelle ainsi les rosiers qui fleurissent deux fois dans l’année, au printemps et à l’automne.

Vous souhaitez acheter des rosiers en racines nues et vous avez besoin de conseils concernant leur plantation >> lisez cet article

Pourquoi choisir et planter des rosiers en racines nues ?

Vous êtes plutôt intéressé par le greffage :

La multiplication des rosiers par greffage

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *